La préparation à la première Communion , un témoignage (1ère partie)

La préparation à la première Communion , un témoignage (1ère partie)

Témoignage de Sr M. Claire, Sœur Missionnaire de la Charité sur la première Communion avec des enfants de l’atrium des sœurs Missionnaires de la Charité (extrait du « 2014 Journal-CGSUSA »)
« J’ai soif ! ».
Sur la croix, Jésus a prononcé ces mots d’amour. Il a soif de notre soif de lui. Il a soif que nous soyons unis à lui comme un sarment sur la vigne. C’est avec ces mots que Jésus a parlé à notre fondatrice mère Teresa et c’est ce qui l’a fait courir à travers le monde pour satisfaire la soif de Jésus de notre amour et pour l’amour du pauvre. En 1946 elle confia à son directeur spirituel ce que Jésus lui avait demandé :
« Petite fille donne-moi des âmes ; donne-moi les âmes des petits enfants des rues. Je désire ardemment la pureté de leur amour. Pour eux je me languis, eux que j’aime. »
Dans le journal de ses premiers jours après avoir quitté le couvent de Loretto pour les bidonvilles en 1949, Mère Theresa écrit :
«Les enfants ont tout simplement soif de Dieu. »
Aujourd’hui, dans l’atrium, alors que nous préparons les enfants et les regardons recevoir les beaux dons de la miséricorde et de l’amour de Dieu dans les sacrements de la Réconciliation et de la Sainte Eucharistie, nous sommes tout particulièrement à même de voir ces deux grandes soifs se rencontrer, s’embrasser et se rassasier : la soif de Dieu et la soif de l’enfant.
Le charisme des sœurs missionnaires de la charité est de servir les plus pauvres parmi les pauvres. Notre paroisse dans une banlieue du Sud du Bronx à New York est petite et pauvre, mais très active. Nous y avons un atrium depuis 7 ans avec plus de 100 enfants en niveau 1, 2 et 3. La plupart des enfants viennent de villages très pauvres du Mexique. Il existe 14 gangs différents dans notre voisinage, beaucoup de drogue et des fusillades fréquentes. L’an dernier, le premier jour de notre retraite de première communion, un des enfants est arrivé avec sa grand-mère, toutes les deux très secouées. Dans la rue d’à côté, il y avait eu une fusillade et elles s’étaient retrouvées coincées au milieu alors qu’elle se rendaient à la retraite. Plusieurs enfants ont un parent en prison, un autre a perdu un parent du sida ou habite dans la rue. Nous devenons vraiment des mères pour ces enfants. Nous devons aller les chercher pour les séances de méditation sur les évangiles et pour la retraite et se sont nous qui, parfois, leur mettons leur vêtement blanc. Ces enfants ont une proximité particulière avec le bon berger et désirent ardemment le recevoir lors de leur première communion.
Les enfants qui ont un papa ne le voient pas très souvent parce que ces hommes travaillent beaucoup, parfois 7 jours par semaine et ils font de longues journées. Ils ont de petits jobs qui couvrent à peine le loyer. Un des papas n’a même pas réussi à venir à la première communion de son enfant. Pendant cette retraite de première communion en 2011, les enfants avaient tous beaucoup souffert. Un garçon priait sans cesse pour que son père arrête de boire. La nuit qui a suivi sa première communion, le papa de ce garçon est rentré à la maison ivre, a brisé plusieurs fenêtres et a menacé de tuer sa mère. Une petite fille a perdu son papa brutalement au milieu de la nuit un mois après sa première communion. Une autre petite fille a dû être opérée le lendemain de sa première communion. Quand nous sommes venus avec le curé de la paroisse pour lui donner le sacrement des malades et sa deuxième communion, elle s’est exclamé : « le bon berger est venu à moi ! ».
Beaucoup de nos enfants ont aussi des handicaps physiques, mentaux et émotionnels. Kevin 7 ans, avait une maladie affectant sa croissance, il était tout petit. Avant d’être à la catéchèse je le voyais toujours triste et maintenant il est plein de vie et de joie. Ce sont des enfants magnifiques, des perles très précieuses. Jésus a soif d’eux d’une manière toute particulière et ils ont faim et soif de lui et de son amour.
Pour la préparation à la première communion, nous avons essayé de suivre le modèle de Rome le plus possible. Après leur avoir présenté la présence eucharistique du bon berger, nous annonçons aux enfants que le bon berger invite chacun de nous à son banquet. « Peut-être est-ce qu’il vous invite cette année ? » Nous laissons un petit panier devant la table de prière avec des cartes à côté, de sorte que s’ils entendent cette invitation, ils peuvent y répondre en écrivant leur nom et le posant dans le panier. Ceci est le début du processus de discernement. Nous laissons le panier avec les noms sur la table de prière et les autres enfants prient pour eux. Le dimanche nous avons une messe d’intention, après l’homélie, les enfants présentent une carte à leur nom au prêtre et celle -ci est placée près de l’autel. Toute la communauté prie pour eux et nous expliquons aux parents l’importance de ce temps de discernement.
Chaque enfant a un entretien avec un catéchiste de l’atrium et un autre avec le curé de notre paroisse. Ensemble, nous discernons s’ils sont prêts à aller de l’avant. Il y a beaucoup de joie, d’excitation et de paix pendant cette période, les enfants se sentent très fiers.
Une fois la décision prise, pendant la messe du dimanche, nous donnons à chaque enfant une Bible qui a été bénie. Le prêtre explique alors : «Aujourd’hui nous allons faire un cadeau à certains de ces enfants. Ces enfants sont ceux qui ont donné leur nom pour demander à recevoir la première communion et nous pensons que ce désir qu’ils ont exprimé est aussi le désir du bon berger. Donc ces enfants vont commencer à se préparer d’une manière toute particulière pour leur première communion qui est une grande fête. Nous voyons que cette fête va commencer parce qu’ils reçoivent un cadeau ». Alors le prêtre appelle chaque enfant par son nom en disant « Reçois cette Bible, qu’elle soit pour toi une grande lumière dans ta vie » et l’enfant embrasse cette Bible avec une grande révérence comme signe d’amour pour Jésus.
Un temps de préparation intense commence avec une série de méditations pendant 5 semaines. Les parents sont aussi invités à ces méditations mais séparément des enfants, dans des salles préparées à côté de l’atrium et leur réponse a été incroyable. Parents et enfants sont entrés avec beaucoup de foi dans ces méditations et on en voit vraiment les fruits : un fort lien s’est créé entre les parents et les enfants et cette année nous sommes heureux de voir que presque tous les pères sont venus . Une catéchiste nous a donné une très belle idée que nous utilisons chaque année : après la première méditation sur la parabole de la vraie Vigne, nous donnons à chaque enfant un sac blanc en tissu et des feutres à tissu pour le décorer. Ils utilisent ce sac pour y mettre leur Bible et les méditations et aussi pour la retraite. La retraite a lieu du jeudi après-midi après l’école jusqu’au dimanche fin de journée soit 3 jours et demi, elle a lieu dans une grande salle juste à côté de l’église. Nous décorons cette salle pour qu’elle soit à la fois belle et simple. Nous y mettons deux grandes peintures : l’une de la dernière cène et l’autre du fils prodigue de Rembrandt. Les enfants ont à disposition du matériel pour dessiner et beaucoup d’espace pour bouger. Ils apprécient d’avoir leur déjeuner et leur dîner en communauté. Parfois le prêtre vient déjeuner avec eux et après le repas, nous faisons des jeux pour qu’ils puissent courir un peu. Nous avons eu la grâce d’avoir des prêtres qui nous ont beaucoup soutenus, qui comprennent la catéchèse et qui ont déjà une relation avec les enfants de l’atrium.
Le jeudi les enfants s’habituent à leur nouvel environnement et préparent la liturgie du lendemain. Ils préparent la lecture et les chants eux-mêmes. Le vendredi après-midi, nous faisons une procession pendant laquelle le prêtre porte une hostie placée dans l’ostensoir. Nous allons en procession de l’église au lieu de retraite : les enfants portent des bougies et chantent. Ensuite nous avons 1h d’adoration dans le lieu de la retraite. Le vendredi est consacré avec les enfants à broder leur croix sur leurs vêtements blancs. Tous les vêtements blancs ont été cousus par un généreux voisin. Dans notre salle de retraite, nous avons placé un pot avec une vraie vigne et des sarments secs sans feuilles. Le vendredi, les enfants dessinent des feuilles de vigne sur du papier vert et écrivent leur nom sur les feuilles, puis ils font un trou dans la feuille et y mettent une ficelle. Le samedi le jour de la réconciliation, ils attachent leur feuille sur un sarment et lorsqu’ils reviennent le dimanche, ils sont surpris et très heureux de découvrir de belles grappes de vigne, des grappes artificielles, que j’ai accrochées avant leur arrivée.
Pendant la retraite les enfants sont très motivés et très joyeux, il y a un bel esprit communautaires entre eux et souvent nous voyons des enfants qui se mettent en cercle et se serrent dans les bras les uns des autres. Certains enfants expriment leur joie et leur paix : « je veux rester ici pour toujours », « je veux habiter ici » . Les enfants sont très occupés et le temps passe vite ; en plus de la liturgie, des repas, du travail avec le matériel, les enfants répètent la célébration, écrivent des invitations, des cartes remerciements et des lettres à leurs parents et au prêtre. Ils fabriquent aussi des petites pancartes pour réserver des bancs pour leur famille à l’église.
Le samedi avant la célébration de la réconciliation nous avons un petit temps de méditation et d’examen de conscience. Nous commençons à 13h30, les parents sont déjà dans l’église alors que nous rentrons en procession. Nous écoutons un évangile choisi par eux, souvent la parabole du fils prodigue ou de la brebis retrouvée, le prêtre fais un petit discours et les enfants récitent ensemble le « confiteor » (Je confesse à Dieu)
et ensuite ils viennent voir le prêtre un par un pour le sacrement de la réconciliation, ensuite nous sommes tous invités à nous confesser aussi. Chaque enfant reçoit une petite croix de San-Damiano tenue par une cordelette blanche, après que l’enfant l’ait embrassé, le prêtre la met autour du cou de chaque enfant et lui dit « tu as été pardonné par le bon berger qui donne sa vie sur la croix pour toi, reçois maintenant le signe de son amour ». Les parents sont alors appelés un par un. Alors qu’ils habillent les enfants avec le vêtement blanc ils disent : « Je t’aiderai à le garder sans tache toute ta vie ». Les papas sont souvent en larmes lorsqu’ils habillent leur enfant. Les enfants renouvellent alors les promesses de leur baptême et reçoivent une bougie allumée. La cérémonie dure au moins 2h, c’est très émouvant pour tout le monde et les enfants sont très joyeux et très apaisés.